24 de septiembre de 2017

El Pescador de Perlas / Le Pêcheur de Perles


El Pescador de Perlas

Para Tinh-may la medida del tiempo eran los ciclos de las mareas, la sucesión de luz y oscuridad, y la tenue diferencia de la temperatura entre el día y la noche. Jueves era cuando el cesto estaba lleno y el estómago se hartaba de algas y cangrejos. Entonces se volvía a Qui Nhon con su tesoro. Como el lunes, que sólo significaba haber atravesado con su bote decenas de millas hasta el atolón.

La distancia, de hecho, era la verificación de la cresta de la ola primaria más la que seguía al último eco. El horario de trabajo significaba simplemente la posibilidad de visualizar en cada zambullida el fondo rocoso de la laguna interior que formaba el islote. Luego nada más quedaba hidratar su cuerpo saturado de sal y de sol con sorbos medidos de preciosa agua dulce y recostarse en la hamaca improvisada para admirar el techo de estrellas.

Pteria margaritifera no quería decir nada para él, ni siquiera otra cosa que la familia de ostras que proliferaban cerca del islote. Sin embargo, Tinh-may sabía bien que en ese sitio apartado podía recolectar los frutos que el mar producía: esas esferitas, curiosamente negras y refulgentes, que le sacaban de las manos los comerciantes del mercado a cambio de algunos billetes o de la comida con la que mantenía a su familia.

Tinh-may, antes de dormir, dejaba que la Mujer del Mar lo arrullara y le acariciara su rostro de niño. Le agradecía en silencio las lágrimas que veía caer de sus ojos, porque de ellas nacerían durante la noche las perlas negras que él cosecharía por la mañana.

Así, al amanecer, Tinh-may se dejaba despertar por el murmullo insistente de las olas que lo invitaban a recomenzar el juego.


Le Pêcheur de Perles

Pour Tinh-mai, la mesure du temps était le cycle des marées, la succession de lumière et obscurité et la subtile différence de température entre le jour et la nuit. Jeudi était lorsque le panier débordait et l'estomac lâchait, repu d’algues et des crabes. Puis il rentrait à Qui-  Nhon avec son trésor. Comme les lundis, que signifiait tout juste devoir traverser le large une dizaine de miles dans sa pirogue jusqu’à l'atoll.

La distance, du fait, n’était que la vérification de la crête de la première vague ajoutée à l’écho de la prochaine. Les heures de travail signifiaient tout simplement la possibilité de repérer à chaque plongeon le fond rocheux du lagon qui formait l'îlot. Puis, il ne lui restait qu’à hydrater le corps saturé du sel et de soleil buvant des gorgées mesurées d'eau douce très précieuse et de se reposer dessous un toit de fortune sur le hamac pour admirer les étoiles.

Pteria margaritifera ne signifiait rien pour lui, même pas la famille d'huîtres que proliféraient à proximité de l'îlot. Toutefois, Tinh-mai savait que dans ce lieu isolé il pourrait recueillir les fruits que la mer produisait: ces petites sphères, curieusement brillantes et noires, que les commerçants du marché lui arrachaient de ses mains en échange de quelques billets ou d'aliments avec lesquels soutenir sa famille.

Tinh-mai, avant de s’endormir, se laissait bercer par La Femme de la Mer qui caressait son visage d'enfant. Il lui remerciait silencieusement les larmes qu’il voyait tomber de ses yeux, car d’elles allaient naître pendant la nuit les perles noires qu’il moissonnerait le matin.

Alors, dès l'aube, Tinh-mai se laissait réveiller par le murmure insistant des vagues qui lui invitaient à recommencer le jeu.

Elementos Básicos – Éléments Fondamentaux, Del Agua, Alejandro Luque @2016